«Une chance, un cœur», un nouveau partenaire - Maison de Terre des hommes

«Une chance, un cœur», un nouveau partenaire

écrit le 19.09.2022

Un nouveau partenaire

La mission de La Maison est de contribuer au sauvetage d’un maximum d’enfants dans le besoin. Dernièrement, nous avons développé des liens avec de nouveaux partenaires pour pouvoir continuer à œuvrer en ce sens. Nous vous présentons aujourd’hui l’un d’entre eux, la fondation «Une chance, un cœur», qui nous confie les patients qu’elle fait venir en Suisse le temps de leur opération. Pour ce faire, nous avons interviewé son fondateur, le Professeur Jean-Jacques Goy, médecin spécialiste en cardiologie.

Entretien Baptiste Fellay

Professeur Jean-Jacques Goy

Jean-Jacques Goy est un médecin cardiologue suisse pionnier de l’angioplastie coronarienne transluminale et de la pose de stents. Il est l’auteur de plus de 200 publications, dont certaines font référence. Il a été professeur de cardiologie à l’Université de Lausanne, puis professeur titulaire de l’Université de Fribourg.

Je ne me pose pas trop de questions. Si on ne fait rien, ces gamins meurent.

Professeur Jean-Jacques Goy

Parlez-nous un peu de l’histoire de votre fondation.

Cela fait 10 ans que notre fondation existe. Un jour, j’ai reçu le dossier d’une jeune patiente avec un problème cardiaque de la part de l’ONG Sentinelles. Elle vivait dans un bidonville. Il m’était impossible de ne pas agir. Je me suis donc arrangé pour qu’elle soit opérée gratuitement en Suisse. Elle va bien aujourd’hui. De fil en aiguille, des dossiers de patients nécessitant une opération en Suisse me sont parvenu. On a pris en charge quelques cas et, en 2012, on a ainsi décidé de créer la fondation. La plupart des patients dont nous nous occupons ont des problèmes cardiaques, certains des problèmes oculaires ou orthopédiques.

Vous prenez en charge des patients en moyenne plus âgés que nos autres partenaires. Pourquoi?

Mariama, 21 ans, de Gambie, souffre d’une grave
malformation cardiaque.
Elle a été transférée en Suisse par la fondation
«Une chance, un cœur»

Nous prenons en charge de jeunes adultes, c’est à dire en général à partir de 16 ans. Mais certains sont plus jeunes. L’idée au départ était de fonctionner comme complément à Terre des hommes Lausanne (Tdh), qui ne prenait pas les enfants au-dessus de cet âge-là. Il y a aussi des pays où ils n’étaient pas présents et d’où nous recevions des dossier.

Cette Maison, pour moi, c’est du pain béni. Elle nous a changé la vie.

Professeur Jean-Jacques Goy

Professeur Goy, qu’est-ce qui a motivé votre collaboration avec La Maison?

Un des problèmes que nous avons toujours eu, c’est le logement pour les patients que nous faisions venir en Suisse. Il fallait trouver des familles d’accueil. Pendant longtemps, j’ai cru que Terre des hommes Lausanne et La Maison formaient une même entité et qu’uniquement les enfants transférés par Tdh étaient accueillis à Massongex. Dès que j’ai compris que La Maison était indépendante, j’ai voulu créer une collaboration. Une famille d’accueil est en effet très vite débordée. Les personnes que l’on soigne sont des cas lourds, il y a un danger de mort. En cas de problème, la famille va ressentir une forte culpabilité.

Le Professeur Jean-Jacques Goy vient régulièrement à La Maison prendre des nouvelles de Mariama.

En revanche, à La Maison, l’encadrement est professionnel. L’infirmerie est compétente, le cadre est fantastique. La qualité de la prise en charge est meilleure que dans la majorité des hôpitaux. Il y a même une école. Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de mieux. Et le personnel s’identifie à La Maison et à sa cause. Cette Maison, pour moi, c’est du pain béni. Elle nous a changé la vie. D’ailleurs, le rythme des transferts de patients que nous prenons en charge a tendance à augmenter.

Vous avez le regard du patricien. Comment expliquez-vous qu’en 2022 il faille encore opérer des personnes en dehors de leur pays d’origine ?

Quand j’ai commencé la cardiologie en 1980, on soignait énormément d’Iraniens et d’Italiens, pour les mêmes raisons que nous soignons des Africains aujourd’hui. Il y a toujours eu des inégalités. En Suisse, on a la chance d’avoir fait partie des pionniers en chirurgie cardiaque. Nos hôpitaux avaient des renommées mondiales. On a investi dans cette médecine-là.

Le Professeur Goy était également l’invité de Radio Chablais, à l’occasion de nos Rencontres Estivales, pour parler du nouveau partenariat qui lie sa fondation « Une chance, un coeur » à La Maison.

En Afrique, on commence à avoir accès à la chirurgie cardiaque. Ils sont en train de rattraper leur retard. Les médecins africains sont compétents et habiles. Ce qui leur manque par contre, ce sont des moyens. Un de mes buts est d’ailleurs d’aider à développer leur activité sur place. J’y mets beaucoup d’énergie et de ressources. On fait venir en Suisse les patients qu’ils ne peuvent pas opérer là-bas, soit pour des raisons de complexité, soit parce qu’ils viennent de pays où il n’y a vraiment rien.

Il convient finalement de préciser qu’il y a des grandes disparités entre les pays africains, et entre classes sociales. J’accueille par exemple la semaine prochaine une jeune Ethiopienne. Elle vient d’un pays où il y a d’excellents centres. Mais il faut pouvoir se les offrir. Au Maroc, c’est la même chose. Ce sont des systèmes de santé à deux vitesses. Or, je pense que tout être humain a droit à avoir accès aux soins. Je ne me pose pas trop de questions: si on ne fait rien, ces gamins meurent. J’aimerais d’ailleurs que l’histoire de ma fondation continue, qu’un jeune me succède.

La fondation «Une chance, un cœur»
a pour objectif d’offrir une prise en charge
médicale à de jeunes patients
en provenance de pays défavorisés.
www.chancecoeur.ch