Visite d’un ancien : Zakaria est en santé et prêt à poursuivre son ambition d’aider les autres à son tour - Maison de Terre des hommes

Visite d’un ancien : Zakaria est en santé et prêt à poursuivre son ambition d’aider les autres à son tour

écrit le 06.03.2023
L'ancien pensionnaire de La Maison de Terre des hommes Valais passe du temps à Saint-Maurice, en Valais. Il est étudiant en gouvernance et droit de la santé à l'Université de Strasbourg.

2006, Zakaria, un garçon de 8 ans, survole la Méditerranée depuis le Maroc pour subir une opération du cœur en Suisse. Il restera à La Maison pendant 3 mois pour se remettre avant de retrouver sa famille. En 2023, après avoir obtenu son diplôme d’infirmier au Maroc, Zakaria poursuit un Master en gouvernance et droit de la santé à l’Université de Strasbourg. Son histoire démontre l’importance de ce programme de soins spécialisés, qui permet de sauver des vies, qui à leur tour seront les forces vives de la société, dans le domaine de la santé entre autres.

Zakaria nous a fait la joie de revenir à La Maison cette année pour revoir ce lieu et ces gens qui ont marqué son existence, et passer une semaine avec notre équipe soignante. Il a aimablement accepté de répondre à quelques questions pour nous. Il se dit prêt à poursuivre son ambition d’aider les autres à son tour.

«La Maison m’a donné la chance de vivre. Je veux rendre quelque chose.»

Zakaria
Pensionnaire à l'école de La Maison de Terre des hommes Valais en 2006. Il est aujourd'hui en bonne santé grâce à Terre des hommes Valais.
Zakaria, en 2006, à l’école de La Maison

Le médecin n’était pas sûr que je survivrais dans ventre de ma mère. Pour elle, je suis un miracle. Mais les nouvelles à la naissance n’étaient pas bonnes. J’avais tous les symptômes de problèmes cardiovasculaires. J’ai été diagnostiqué à un an et j’ai vécu comme ça jusqu’à mes 8 ans. Le médecin, qui pensait que le problème allait peut-être se résorber, a confirmé qu’il me faudrait une opération, sans quoi je risquais de mourir.

Je me souviens du choc pour mes parents. Ma famille a un niveau de vie respectable, mais elle n’a pas les moyens de payer une opération cardio-vasculaire. Mon père s’est alors rendu chez un riche directeur d’entreprise de ma ville. J’étais avec lui dans la voiture. Il est allé frapper à sa porte et lui a offert une bouteille de miel, ce qui est une marque de respect au Maroc. Ensuite, il lui a expliqué notre situation, que c’était une question de vie ou de mort.

Mon père ne demande jamais la charité. Mais quand la vie de ton enfant est en jeu, tu es prêt à tout. Malgré ça, le directeur n’a rien fait. Il n’est pas entré en matière. Ce souvenir est ancré dans ma mémoire. Il renforce ma motivation à atteindre un certain niveau socio-économique et rendre ce que je dois à mes parents. Finalement, mon médecin a pu nous diriger vers Terre des hommes, et je suis arrivé à Massongex.

Quel souvenir gardes-tu de ton premier passage à La Maison ?

Sourires. Un ancien pensionnaire en visite passe du temps avec les pensionnaires actuels de La Maison de Terre des hommes Valais, transférés en Suisse pour des raisons de santé.
Zakaria passe du temps avec les pensionnaires de La Maison

Au début, c’était un peu dur. Parce que j’étais encore petit. J’étais avec des gens que je ne connaissais pas, j’avais peur, j’étais triste d’être loin de ma famille. Mais les enfants s’habituent vite. En 15 jours, c’était bon. Mon séjour a duré trois mois et je n’ai que de bons souvenirs.

As-tu maintenu des liens avec d’autres résidents de La Maison ?

Oui bien sûr ! Avec les autres Marocains. Il y a aussi une pensionnaire qui est là en ce moment pour un deuxième séjour, qui était également là en 2006 en même temps que moi. C’est une fille de Madagascar, Vola. On était restés en contact grâce aux réseaux sociaux. C’est génial de se revoir ici. La Maison, c’est ma famille.

Est-ce étrange pour toi de revenir ici 16 ans plus tard ?

Non pas du tout ! Ça m’a fait bizarre de partir en France pour étudier, un pays que je ne connaissais pas. Mais la Suisse, c’est la maison. J’ai en effet toujours eu l’idée que mon premier pays était le Maroc, et mon deuxième pays la Suisse.

As-tu des projets pour l’avenir ?

Retrouvailles: deux anciens pensionnaires de La Maison de Terre des hommes Valais se revoient à La Maison. Tous deux sont passés par le Valais pour des raisons de santé.
Retrouvailles entre Vola, pensionnaire de La Maison, et Zakaria

J’ai toujours eu le but d’aller loin dans mes études. Mais ça a été clair assez vite que je voulais me former dans la santé. J’avais d’abord choisi l’économie, mais j’ai rapidement changé d’avis. Si ma formation d’infirmier au Maroc a parfois été compliquée, j’ai toujours gardé à l’esprit que, plus tard, je pourrai mettre ces compétences au service des autres, que ce soit pour les enfants de Terre des hommes ou ailleurs.

Le salaire n’est donc pas ma priorité : mon but c’est d’aider. Je veux rendre ce que l’on m’a offert. Actuellement, je suis en train de faire un Master en gouvernance et droit de la santé à l’Université de Strasbourg, toujours dans l’idée de mettre ces compétences aux profits d’une association et d’aider des enfants. Peu importe le moyen. Car La Maison m’a donné la chance de vivre. Je veux rendre quelque chose.