L'engagement de Christiane Rey-Bellet et Chantal Carthoblaz - Maison de Terre des hommes

L’engagement de Christiane Rey-Bellet et Chantal Carthoblaz

écrit le 13.07.2023

Un voyage à travers l’histoire de Terre des hommes Valais

À l’occasion du 60e anniversaire de la fondation Terre des hommes Valais, nous avons voulu recueillir les souvenirs et les espoirs des personnes qui se sont engagées tout au long de ces six décennies. Nous avons rencontré Christiane Rey-Bellet et Chantal Carthoblaz, des « vétérans » de l’organisation qui ont joué un rôle essentiel en tant que membres du comité de l’association (devenue fondation en 2012). Leur expérience de terrain et leur engagement nous ouvrent une fenêtre sur l’histoire de notre organisation et nous inspirent pour l’avenir.

Chantal (à gauche) et Christiane posent devant La Maison

Pouvez-vous, Christiane et Chantal, partager avec nous l’évolution de votre engagement au sein de Terre des hommes Valais ?

Christiane : Mon engagement s’est construit de fil en aiguille. Mes parents ont accueilli un enfant vietnamien transféré par Terre des hommes, malgré le fait que nous étions déjà huit enfants. C’était dans les années 60, avant que La Maison ne soit achetée par Terre des hommes Valais. L’engagement a donc commencé par cet accueil familial. Depuis, on essaie de soutenir d’une façon ou d’une autre La Maison. J’ai d’abord œuvré comme bénévole pour la marche de Terre des hommes, puis aidé à servir à La Maison quand il y avait besoin, le samedi après-midi et le dimanche. Par la suite, j’ai intégré le comité jusqu’à la naissance de notre enfant dans les années nonante. Mais je n’ai pas arrêté de m’engager : je suis également devenue convoyeuse, jusqu’à aujourd’hui.

Chantal : Terre des hommes a rapidement fait partie de notre vie, à moi et à ma famille. Je viens du Valais central, mais on a déménagé à Massongex en 92. J’ai été veilleuse de nuit pendant deux ans, puis j’ai rejoint le comité de l’association et du festival. J’ai participé à la vente d’oranges. On y tient parce que ce qu’il se fait à La Maison est magnifique, et tous les gens qui y travaillent sont top.

Tout a évolué. Il y a eu une professionnalisation de l’accueil et une reconnaissance salariale.

Chantal Carthoblaz, bénévole active

Comment percevez-vous l’importance de votre engagement et qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Chantal : Ce que j’aime avec cette maison, c’est qu’elle nous fait prendre conscience que nos enfants en Suisse, on a la chance de soigner. Les enfants n’ont pas demandé à être malades, et tout ce qui a été mis en œuvre, avec le CHUV et les HUG et les autres partenaires médicaux est fabuleux. J’y tiens beaucoup, à cette cause.

Christiane : On sent qu’on peut apporter quelque chose, c’est fantastique.

Un premier souvenir marquant avec Terre des hommes Valais ?

Chantal : Oui, lors de ma première veille de nuit. Après avoir apporté les soins aux enfants, nous avions à disposition un petit coin pour nous poser. C’est alors qu’un enfant est venu vers moi et m’a touché le bras. Il avait un noma prononcé. Et j’ai eu peur. Je ne savais pas vraiment où j’étais arrivée, et c’est évidemment la première fois que je voyais un enfant avec le noma. On prend conscience d’une certaine réalité. Mes filles ont eu l’autorisation de m’accompagner une nuit pour une veille. Elles ont été très touchées.

Christiane : Mes souvenirs sont plutôt extérieurs à La Maison. Je m’occupais surtout du stand de l’association au comptoir, donc j’étais plus en relation avec des adultes. Pour passer les 10 jours à Martigny sur le stand, il fallait trouver environ 60 personnes, ainsi que des personnes pour monter et démonter le stand.  

Quel est votre meilleur souvenir?

Chantal : Le temps du festival. Il y avait du job et des responsabilités, mais on était une belle équipe. Ce n’était pas forcément facile, mais ça a été des expériences superbes. Le dimanche soir on était bien fatigués, mais on savait que c’était pour une bonne cause. Des souvenirs, il y en a plein la tête.

Christiane : J’ai fait partie de l’organisation de la marche de Terre des hommes. C’était aussi très sympathique, on retrouvait beaucoup de monde, on marchait avec des gens qu’on rencontrait sur place. C’étaient des bons moments.

Un mauvais souvenir ?

Chantal : Les moins bons souvenirs c’est quand on est veilleuse de nuit et qu’il faut appeler l’ambulance.

Christiane : Peut-être dans les convoyages, j’ai eu trois petits une fois, un qui vomissait, l’autre qui était dégoûté. Il faut trouver une solution assez rapidement quand on est sur la route.

On sent qu’on peut apporter quelque chose, c’est fantastique

Christiane Rey-Bellet, bénévole active

Vous avez fait partie du Conseil de fondation.

Chantal : C’était le comité de l’association à l’époque. Ce que je trouve magnifique, ce sont tous les travaux qui ont été réalisés autour de La Maison pendant cette période. Après, c’est toujours le même souci, il faut trouver l’argent. Alors, si je peux m’adresser aux gens qui ont trop d’argent sur leur compte… Pensez un peu à Terre des hommes Valais…

Beaucoup de choses ont changé depuis vos débuts à La Maison ?

Chantal : Au niveau des bâtiments : beaucoup. Sur le côté médical, tout a évolué. Il y a eu une professionnalisation de l’accueil et une reconnaissance salariale aujourd’hui. Quand j’étais veilleuse de nuit, c’était quasiment du bénévolat. Je n’avais certes pas les compétences des veilleuses d’aujourd’hui. On ne se rendait probablement pas compte de tous les soucis qu’on pouvait avoir avec certains gamins. Je trouve donc qu’il y a une belle évolution, il y a un respect du personnel.

Christiane : Oui, heureusement.

Terre des hommes Valais était déjà autant connu en Valais ?

Christiane : Oui, il y avait beaucoup de monde impliqué. Pour le comptoir, je savais que les gens étaient disponibles et prêts à s’engager.

Chantal : J’ai toujours entendu parler de Terre des hommes Valais, mais je trouve que ça a pris une ampleur avec le festival et ça s’est étendu aux autres cantons suisses. Si on dit Massongex : beaucoup de personnes font le lien avec La Maison.

Un conseil pour la relève ?

Chantal : Il faut garder cette âme et espérer qu’il y aura autant de belles énergies à l’avenir. Il y a un sacré job effectué, mais en même temps c’est tellement humain. Il faut que La Maison puisse continuer dans cette belle énergie. A nous d’encourager nos enfants, nos petits-enfants, pour qu’ils n’oublient pas La Maison de Terre des hommes Valais et s’investissent à leur tour.