Marraines et parrains bénévoles, une bouffée d'air pour les enfants hospitalisés - Maison de Terre des hommes

Marraines et parrains bénévoles, une bouffée d’air pour les enfants hospitalisés

écrit le 15.03.2023

Les parrains et marraines sont un maillon essentiel de notre chaîne de solidarité. En offrant de leur temps aux enfants pendant leur hospitalisation, ces personnes apportent une touche de gaieté et de réconfort dans leur quotidien. Pour en savoir plus sur cette activité essentielle, nous avons rencontré deux marraines bénévoles, Fabienne et Leonie. Elles nous ont accordé un moment pour discuter de leur engagement en tant que marraines et nous ont donné un aperçu de ce que signifie pour elles cet engagement bénévole gratifiant.

Fabienne, Leonie, qu’est-ce qui vous a poussées à devenir marraines ?

Fabienne : Pour ma part j’ai longtemps été bénévole pour Tdh dans la section de Nyon. Ventes d’oranges, marches de l’espoir, j’ai participé à toutes sortes d’actions. Un jour, alors que j’avais rejoint la section de Rolle, nous avons fait une sortie et une visite de La Maison à Massongex. J’ai eu beaucoup d’émotions d’y voir les enfants et du concret. J’ai alors voulu m’engager pour être plus proche des enfants. Le temps a passé, j’ai arrêté mon activité professionnelle, et je me suis dit que c’était l’occasion : j’ai alors rejoint le groupe des marraines de Lausanne. J’avais un peu d’appréhension, un petit stress par rapport à la langue des enfants. Mais j’ai trois enfants, et je me suis donc dit que ça devait le faire. Et ça a donc démarré comme ça.

Une marraine de La Maison avec un enfant au CHUV
Fabienne avec une de « ses » enfants au CHUV

On s’attache, on ne devrait pas, mais un lien très fort peut s’installer.


Fabienne, marraine pour les enfants de La Maison au CHUV

Leonie : J’ai toujours fait beaucoup de bénévolat, surtout dans le sport, notamment la voile. Mais, il y a quelques temps, j’ai dû être opérée du cœur, par le même chirurgien qui opère les enfants. C’était pendant le Covid, j’étais donc toute seule à l’hôpital. Mais j’ai été très reconnaissante de l’aide et des soins que j’ai reçus.

J’ai voulu donner la même chose aux personnes qui sont seules à l’hôpital, et notamment aux enfants. Pendant ma période d’arrêt de travail, sans connaître Terre des hommes, j’ai appelé l’hôpital des enfants des HUG pour devenir bénévole. Ils m’ont proposé de rejoindre le programme de soins spécialisés. J’ai aussi eu un peu peur, j’ai senti tout de suite une très forte responsabilité. Mais il faut se rendre compte que par notre présence, on fait toute la différence pour les enfants. Même si on ne parle pas la langue, même si on ne parle pas ensemble parce qu’ils ne peuvent ou ne veulent pas parler.

Une marraine de La Maison avec un enfant aux HUG
Leonie avec un de « ses » enfants aux HUG

Comment pourriez-vous expliquer de manière concrète le rôle des marraines à nos lecteurs ?

Fabienne : C’est apporter du réconfort à l’enfant, l’entourer, jouer, le divertir, parfois le rassurer. Parce que les enfants arrivent dans un pays où souvent on n’a pas la même couleur de peau, on a des modes de fonctionnement, des cultures totalement différents. Chaque enfant est unique, à chaque fois c’est incroyable. Même si on ne peut pas communiquer oralement, on entre en communication par le toucher, le regard, et parfois par des petits dessins. Le lien se crée à une vitesse incroyable. Et leur faculté d’adaptation est une leçon de vie. Je me sens toute petite à côté d’eux. Ils sont remarquables.

Leonie : L’essentiel de la communication n’est pas verbal. 7 ou 8 fois sur 10, ils ne parlent pas français. Il est aussi important de souligner qu’on fait partie d’une chaîne. On est là pour faire notre part, pour soulager l’enfant dans son voyage vers la vie, à travers ses peurs, ses doutes et sa solitude.

Il faut se rendre compte que c’est une grande responsabilité. Ce sont des enfants malades, avec des problématiques cardiaques très complexes. Il ne faut pas oublier qu’on est là pour les enfants, on n’est pas là pour nous. L’enfant veut de l’amour, de la présence, quelqu’un pour jouer, faire des câlins, obtenir de la chaleur. Le plus important, c’est de respecter l’enfant. Parfois ils ne veulent pas être touchés, ne pas parler. Il faut le respecter. On est là pour s’adapter, et pas l’inverse. Si on est humbles et à l’écoute, on apprend très vite ce qu’il faut faire. Dans ce sens-là, la tâche de marraine est assez simple.

Fabienne : Oui c’est vrai. Je pense que c’est accessible à tout à chacun, si on a envie d’ouvrir son cœur et de donner un peu de son temps. 

Comment réagissent les enfants à leur arrivée à l’hôpital dans un pays qu’ils ne connaissent pas ?

Une des marraines de La Maison avec un enfant aux HUG
Emilie, une autre marraine, avec la petite Malak

Fabienne : J’ai le souvenir de deux tout petits qui venaient du même pays. En voyant l’eau courante, c’était Disneyland pour eux. Ils étaient stupéfaits. Ce confort que nous avons est souvent une grande découverte. Par rapport à l’hôpital, j’ai l’impression qu’ils sont assez bien préparés. Je n’ai pas l’impression qu’ils sont si perdus que ça.

Leonie : C’est très culturel, ça dépend d’où ils viennent. Chaque culture a sa conception de la vie, des soins, de la mort. Mais ils s’adaptent tous à une vitesse incroyable. Je trouve aussi leur courage très impressionnant. Chaque enfant est une leçon de vie pour moi. Ces enfants viennent seuls de l’autre bout du monde.

Une des marraines de La Maison avec un enfant aux HUG
Lisa, responsable des marraines des HUG, et Lamine

En tant que marraines, est-ce que vous créez un lien particulier avec les enfants, ou est-ce que vous essayez de garder une certaine distance ?

Fabienne : Ça fait 8 ans que je suis marraine. C’est quelque chose de très important dans ma vie. Au début, c’était parfois très dur. Je suis quelqu’un de très émotive et très sensible.

Leonie : Je me reconnais dans ce qu’elle dit. Tu me donnes la chair de poule Fabienne.

Fabienne : Il y a eu des moments très durs. (Les larmes lui montent aux yeux) Et effectivement, je pense qu’on se dit qu’il ne faut pas s’attacher, mais il y a des enfants qui restent plus longtemps que d’autres et… Personnellement j’ai vécu deux décès au CHUV, et c’est très dur. Je n’ai jamais craqué devant les enfants, mais on se sent révoltés. Mais il faut se rappeler de la chance qu’ils ont de pouvoir se faire soigner chez nous.

La chaîne humaine qui leur permet de vivre est extraordinaire.  On fait de magnifiques rencontres. Être marraine nous apporte énormément. Donner de soi pour ces enfants, c’est une énorme richesse. Vraiment. On s’attache, on ne devrait pas, mais un lien très fort peut s’installer. C’est très beau. Quand on peut leur dire qu’ils vont rentrer, revoir leur famille, courir après un ballon sans s’épuiser. Et ça, c’est un cadeau fantastique de la vie. Mais parfois il faut apprendre à gérer ses émotions.

Leonie :  Je travaille dans le négoce de matières premières. Ce qui donne le plus de sens à ma vie, c’est les moments que je passe à l’hôpital. On crée des connections avec les enfants. Mais je n’ai pas trop de problèmes avec la séparation. Je sais qu’ensuite ils retournent à La Maison à Massongex, puis rentrent dans leur famille. Ils vont vers le mieux, et ça me fait du bien. Ce qui me brise le cœur, c’est tous les enfants qui n’ont pas la chance de venir se faire soigner en Suisse.

Je me souviens d’un enfant qui a passé l’été aux soins intensifs, il avait 8 ans. L’été, il y a moins de bénévoles. Moi j’aime bien cette période. Il détestait être touché. Mais le jour de son départ, il est venu vers mois en courant et m’a fait un gros câlin. J’ai pleuré.

Avez-vous des conseils pour les futurs parrains ou marraines ?

Un parrain et une marraine avec des enfants de La Maison de Terre des hommes Valais aux HUG
Jonas et Silvana avec deux de  « leurs » enfants

Leonie : Il ne faut pas oublier que les enfants sont dans des états compliqués physiquement, il faut vraiment faire attention. A partir de là, même si on ne peut donner qu’une heure par semaine, c’est déjà bien. Pour l’enfant, ça coupe sa journée avec une heure de divertissement. N’ayez pas peur que ça prenne trop de temps. Avec une heure par semaine, vous pouvez changer la vie d’un enfant.

Ce qui me brise le cœur, c’est tous les enfants qui n’ont pas la chance de venir se faire soigner en Suisse.

Leonie, marraine pour les enfants de La Maison aux HUG

Fabienne : Au début, je n’étais pas sûre de ce qui allait se passer, mais je savais que je voulais le faire. Mais on est portés dans ce qu’on entreprend. Chaque enfant, c’est fou, on ne se connaît pas, on commence à jouer, le lien s’établit. Il y a cette espèce d’instinct, c’est naturel. Le contact humain prend le dessus. Il est important d’essayer d’être régulier dans ses visites pour apporter une routine à l’enfant. L’enfant peut se dire : « le mardi il y a Fabienne qui vient, le mercredi quelqu’un d’autre ». Je pense que c’est un conseil important pour les nouveaux bénévoles.

Une des marraines de La Maison de Terre des hommes Valais avec un enfant aux HUG
Natalie, marraine, en train de jouer au memory avec un jeune patient

Leonie : Le besoin en bénévoles est énorme. Il m’est arrivé de passer seulement une demi-heure par enfant pour que tous puissent voir quelqu’un. Il ne faut pas oublier qu’ils sont fatigués, donc on n’est pas obligés de rester des heures. Mais s’y rendre régulièrement ça aide déjà. Et il faudrait plus de mecs !

Fabienne : Les nouveaux bénévoles sont accompagnés. Ça aide et ça rassure. Si quelqu’un hésite, il devrait suggérer d‘accompagner un parrain ou une marraine pour mieux comprendre ce que cela implique.

Leonie : Oui, on prend les nouveaux bénévoles par la main. Il ne faut pas oublier qu’on n’est de toute façon pas tout seuls. Il y a les soignants de l’hôpital. Les infirmiers peuvent t’aider en cas de questions. C’est très bien géré. Nous, on doit juste mettre un sourire sur les visages de ces enfants.

Une des marraines de La Maison de Terre des hommes Valais avec un enfant aux HUG
Liliane, marraine aux HUG

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