Convoyeurs: un maillon essentiel de la chaîne de solidarité

Convoyeurs: un maillon essentiel de la chaîne de solidarité

écrit le 19.12.2022

« Donnez un peu de votre temps, ça ne coûte pas cher ! »

Michel Hehlen, convoyeur

Après une carrière aux quatre coins du monde, Michel Hehlen, habitant de Troistorrents originaire de la Chaux-de-Fonds, explique comment il s’est approché de La Maison pour faire quelque chose pour la communauté et passer sereinement le cap de la retraite.

Avec une centaine de convoyeurs et convoyeuses bénévoles, Michel Hehlen offre de son temps pour assurer les trajets des enfants, entre La Maison et les hôpitaux, les cabinets médicaux ou encore l’aéroport de Genève. Il est un des maillons essentiels de la chaîne de solidarité qui relie les pays d’origine des enfants à La Maison et aux centres de soins de Suisse romande. Sans eux, notre action serait bien plus compliquée. Leur rôle est aussi profondément humain. Le convoyeur dévoué pour La Maison depuis 2010 a déjà effectué 94 convoyages et parcouru 21’952 Km pour les enfants de La Maison. Peut-être saura-t-il  motiver certains d’entre vous de rejoindre l’aventure !

Michel, ça va faire combien de temps que tu es convoyeur pour La Maison ?

12 ans ! J’ai commencé en 2010. J’arrivais à la retraite. Je voulais donner de mon temps pour les autres, rendre un peu de ce que j’ai reçu. J’ai eu de la chance, j’ai une famille qui va bien. 2010, c’est aussi le moment où on est arrivés en Valais. Avec Jacqueline (ndlr : sa femme), on voulait s’intégrer et faire quelque chose pour la communauté, aussi pour passer sereinement le cap de la retraite. On a regardé ce qui était possible dans la région. J’ai un beau-frère qui avait également été convoyeur pendant quelques temps. Je suis donc entré dans la section bénévole de Monthey, qui existait encore à l’époque. J’ai commencé les convoyages, puis à participer à l’organisation du Loto pour La Maison et à la vente d’oranges. Ça permet de rencontrer des gens, et ça fait réaliser que certaines personnes ont moins de chance que nous dans la vie.

Comment se passe un convoyage ?

La Maison m’appelle pour un trajet vers l’aéroport ou un hôpital. On regarde si je suis disponible, et si c’est le cas, on fixe une heure où je viens chercher à La Maison le ou les enfants que je vais transporter.


Michel passe régulièrement à La Maison pour venir chercher et ramener des pensionnaires.

Est-ce que pendant le trajet, tu arrives à établir un lien avec le passager ?

C’est irrégulier. Avec les tout petits, c’est plus difficile. Certains aussi ne parlent ni français, ni anglais. Les plus grands, c’est plus simple. Le dernier que j’ai emmené avait même 30 ans. Dans ces cas-là, je m’intéresse à eux, à ce qu’ils font, à leur famille, à leur maladie, à leur pays. Il se trouve que je connais des pays comme le Sénégal, le Bénin, le Maroc, la Tunisie ou l’Algérie, pour y être allé dans le cadre de mon travail. J’essaie de connaître ces pensionnaires un peu mieux, et ça peut être très intéressant. Mais s’ils n’ont pas envie de parler, je le respecte.

 Je voulais donner de mon temps pour les autres, rendre un peu de ce que j’ai reçu. 

Est-ce que les pensionnaires que tu transportes te partagent parfois leurs craintes vis-à-vis de ce qui les attend à l’hôpital, ou par rapport à leur maladie ?

Sur la maladie en tant que telle, ou la peur d’une opération, ça n’arrive pas souvent, non. Ce qui m’a frappé par contre, c’est que certains petits, plusieurs fois, au moment où tu arrives vers l’unité de soin, s’accrochent à toi, se réfugient, parfois en se mettant à pleurer. C’est peut-être grâce aux quelques mots échangés, ou à un geste, comme leur offrir un Sugus. Il y a une communication émotionnelle. Parfois, simplement, en leur prenant la main à la sortie de la voiture, ils s’agrippent, naturellement.

Comment réagis-tu quand un enfant se met à pleurer parce qu’il a peur ?

J’essaie de lui parler. Ça ne se passe jamais dans la voiture, mais plutôt en arrivant à l’unité de soins, au moment où l’infirmière ou l’infirmier le prend en charge. Il ou elle essaie d’établir une communication avec l’enfant, et moi j’essaie de le rassurer.

Ces gamins, ils sont tellement charmants. Ça te rappelle tes propres enfants. 

C’est vraiment un travail humain, ce n’est pas qu’un boulot de chauffeur.

Exactement !  Ces gamins, ils sont tellement charmants. Ça te rappelle tes propres enfants. Ça peut être très touchant. Ces jeunes sont forts. Je suis frappé par exemple par les adolescents et adolescentes qui souffrent du noma. La force de caractère qu’il faut pour l’assumer à l’âge où l’on se cherche et où l’on nourrit bien souvent des complexes m’impressionne.

En Suisse, on a une tradition humanitaire à perpétuer. 

Comment abordes-tu notre nouvelle collaboration avec Mécénat Chirurgie Cardiaque ?

D’abord, je n’ai pas compris Terre des hommes Lausanne. Ça m’a fait un choc. Si La Maison devait tomber, qui ferait ce travail ? J’ai eu du souci, mais quand j’ai appris ce qui était en train de se mettre en place, avec les nouveaux partenaires, ça m’a rassuré. Que les hôpitaux de Genève et Lausanne réitèrent leur attachement à continuer ce programme m’a rassuré également. Je sais maintenant que Mécénat va parfaitement remplacer Tdh, et que tout va se poursuivre normalement. Et je viens de passer mon test pour la conduite, je peux continuer ! Je vais également toujours m’investir dans divers événements pour ramener de l’argent.

Est-ce que tu as un message à faire passer à de potentiels nouveaux convoyeurs ?

La première des choses, c’est de penser à ce que la vie vous a donné. À ceux qui sont capables de vivre normalement aujourd’hui, je leur dis : donnez un peu de votre temps, ça ne coûte pas cher! J’encourage ceux qui ont du temps à en offrir. En Suisse, on a une tradition humanitaire à perpétuer. Dunant était marchand à 20 ans. Puis il a vu Solferino et a fondé la Croix-Rouge. Il n’est jamais trop tard, chacun a son rôle à jouer.

Nous recherchons également des bénévoles sur Genève et Vaud.

Vous êtes en possession d’une voiture et êtes disponible quelques heures par semaine ou par mois ?
Devenez un maillon indispensable en accompagnant et en conduisant un enfant ou un petit groupe d’enfants à une consultation ou à une opération, avec votre véhicule privé et à vos propres frais.
La destination : un hôpital, un cabinet médical, dentaire ou ophtalmique, l’aéroport de Genève.
De nombreux déplacements, 3 à 5 par jour, sont en effet nécessaires pour amener les 200 enfants accueillis chaque année pour leurs rendez-vous médicaux à Genève, Lausanne, ou dans les régions valaisanne et chablaisienne.

N’hésitez pas à contacter La Maison !